Hélène Hulak & Mélissa Mariller – FURY

FURY

Fury est une invitation dans un monde habité de colère, une sorte d’enfer où des êtres féminins vous sautent au visage. Hélène Hulak et Mélissa Mariller s’emparent d’univers masculins comme le tuning, le tatouage ou encore le piercing pour en distordre les codes et se jouer de leurs images stéréotypées. Pour leur premier duo show, les artistes ont imaginé pour KOMMET l’installation commune Fury.

Mélissa Mariller, designer plasticienne, crée des sculptures fonctionnelles. En explorant des matériaux froids, tels que le verre ou le métal, elle développe des formes acérées et tranchantes. Ses recherches actuelles se concentrent en partie sur le monde de l’automobile. Elle questionne un secteur rempli de testostérone où certains adeptes du tuning bichonnent et personnalisent leur engin avec des matières clinquantes. La pratique d’Hélène Hulak gravite, quant à elle, autour de l’installation, la peinture, la sculpture, le textile ou la vidéo. En perpétuel mouvement, son travail se situe souvent dans une exploration sérielle. Elle emprunte des images issues de la culture populaire susceptibles de connaître des mues successives. Elle joue et use, à outre mesure, de leurs codes afin de générer chez le spectateur une réflexion liée à notre rapport au genre et à notre environnement. Elle vient, en quelque sorte, gratter cette première couche lisse pour en faire émerger un aspect éminemment plus grinçant et torturé.

Les deux artistes ont imaginé et conçu un support de monstration pour les pièces textiles d’Hélène Hulak. S’apparentant au châssis d’une toile, ce cadre devient également le châssis d’une automobile carbonisée. La carcasse d’une Clio a laissé place à une forme monstrueuse et incisive. Ce squelette n’est pas s’en rappeler l’anatomie d’une araignée géante, sortie tout droit d’un film de science-fiction. Dans ses mandibules, des bouts de corps et de mécaniques en tissu sont suspendues par des chaînes.  On se demande alors si ces figures féminines ne tenteraient pas d’asservir et de démembrer l’automobile. Bien qu’Hélène Hulak travaille avec des couleurs chatoyantes, lamées et pailletées, les pièces textiles éveillent des sentiments ambivalents chez le spectateur. Ces dernières sont en effet tout aussi séduisantes qu’inquiétantes. D’autres éléments de la machine sont morcelés, comme projetés dans l’espace d’exposition. Un volant boursouflé ou des phares de voiture encore allumés gisent sur le sol. 

Sur les murs de KOMMET – dans un semblant de ciel apocalyptique – des figures déliquescentes enragées laissent entrevoir un possible autre monde. Sont-elles les victimes de cet accident ou en sont-elles à l’origine ? Tous les scénarios sont ouverts. Chahutant notre perception du dedans/dehors, les artistes plongent délibérément les visiteurs dans une scène accidentée. Dans ce décor, en apparence figé, règne une certaine intranquillité. En effet, peu d’éléments sont encore en état de marche comme les deux lampadaires aux lignes acérés que l’on pourrait voir au bord des routes dans un film d’épouvante. 

Mélissa Mariller et Hélène Hulak déploient à KOMMET un monde où la figure mythologique de la furie se retrouve hybridée avec la grid girl du salon de l’automobile. Ces jeunes femmes qui tiennent l’ombrelle des pilotes ou les drapeaux lors de grandes courses deviennent, peut-être, dans cette exposition, des vengeresses surpuissantes.

Exposition en résonance avec la Biennale de Lyon

Commissariat
Émilie d’Ornano 

_

Née en 1990, Hélène Hulak vit et travaille à Lyon. Diplômée de l’École nationale supérieure des beaux-arts de Lyon, son travail a notamment été exposé aux Magasins Généraux (Pantin) à SIM Gallery (Reykjavik) ou encore au macLyon (Lyon). Invitée par Studio Ganek, elle participait au mois d’avril 2021 à l’exposition collective À ciel ouvert, installée dans des panneaux d’affichage de la Ville de Lyon et était en résidence de création à KOMMET au printemps 2021. Cette même année, Hélène Hulak part en résidence en Islande dans le cadre d’un programme organisé par « Artiste en résidence » et est invitée par le macLyon dans le cadre de l’exposition « Crossover Hélène Hulak x Mel Ramos ». Elle est co-fondatrice de l’association Cagnard et travaille au sein de l’atelier Montebello. 

Née en 1990, Mélissa Mariller vit et travaille à Lyon. Diplômée de l’École nationale supérieure des Beaux-arts de Lyon, son travail a notamment été exposé à Dardilly pour l’exposition collective Paysages Manufacturés, à Poush Manifesto (Clichy) à l’Attrape-couleurs (Lyon) ou encore à la Petite galerie Françoise Besson (Lyon). Sélectionnée par art3 (Valence), Mélissa Mariller a l’opportunité d’effectuer en 2022 une résidence à Stuttgart (Allemagne). Elle est co-fondatrice de l’association Cagnard et travaille au sein de l’atelier Montebello. 

Vues d’exposition : Lucas Zambon