Jean-François Krebs – TRANS*-ANÉTHOL

Portrait filmé réalisé par Lam Son Nguyen – Lsnfilms

TRANS*-ANÉTHOL

Lors de recherches effectuées sur Internet, l’utilisation de l’astérisque élargit la requête en incluant des termes connexes et en laissant place à une exploration plus étendue. Comme un clin d’œil, l’astérisque déploie sa présence de manière double : non seulement dans le titre Trans*-anéthol, mais également à travers la manifestation tangible de ces anis étoilés dans l’espace d’exposition. Le trans-anéthol est un composé chimique aromatique qui confère à l’anis étoilé son arôme et son odeur caractéristique. Il est également présent dans d’autres plantes comme l’aneth et le fenouil. Cette molécule a des propriétés intéressantes qui lui permettent d’être utilisée en parfumerie, en cuisine, en médecine traditionnelle et même dans certains procédés photographiques.

À travers une expérience visuelle, olfactive et sonore, Jean-François Krebs engage une réflexion sur la possibilité d’une fusion entre l’humain et le règne végétal. L’artiste transcende les définitions rigides, ouvrant ainsi un espace où l’on envisage les potentialités d’un avenir fluide, imprégné de liquidité. Les œuvres en verre, présentes à KOMMET, concrétisent la capacité fascinante de ce matériau à couler et à se déplacer librement, une particularité qui reste palpable même dans son état solide. Cette exposition offre une opportunité de remettre en question les certitudes mais aussi d’explorer la beauté des métamorphoses et de l’hybridité.

Jean-François Krebs crée un dialogue subtil entre les œuvres, invitant les spectateur•ice•s à explorer de multiples strates de signification. Les pièces en verre établissent des correspondances visuelles avec les nombreuses vitrines caractéristiques du lieu, permettant à la lumière naturelle de pénétrer l’espace. Les rayons qui embrassent certaines des œuvres les transforment, révélant ainsi de nouvelles dimensions et nuances.

Les pièces en verre, disposées au sol, suggèrent par moments des formes énigmatiques, mêlant des éléments abstraits à des fragments, évoquant à la fois des corps humains, des formes animales ou d’autres choses encore. Par exemple, certaines pourraient évoquer la Diane d’Éphèse, sculpture représentant Artémis, divinité grecque vénérée à travers différentes cultures et époques, qui incarne la fécondité et la puissance de la nature.

À KOMMET, une mystérieuse voix chante le nom de plantes et de molécules en latin, laissant planer le doute quant à savoir s’il s’agit de formules magiques ou non. Les substances récitées ont été choisies car elles peuvent exercer une influence simultanée sur le corps et la conscience, ouvrant la voie à des transformations aussi bien physiques que mentales. Leurs propriétés peuvent être médicinales, psychédéliques, voire mortelles. Dans cet espace de liberté immense, la marginalité des plantes devient le terreau fertile des grandes métamorphoses, où les corps humains et végétaux fusionnent.

La Lame dynamique ascendante est une exploration symbolique et esthétique liée à l’hybridité. La lumière fluorescente émanant de l’aile en verre à l’uranium transcende le spectre traditionnel. Le matériau, imprégné d’oxyde d’uranium, confère à la pièce des propriétés luminescentes uniques, teintant le verre d’une lueur verte. Pouvant être interprétée comme la jeune pousse d’une plante ou comme l’aile délicate d’un animal ou d’un ange, cette œuvre semble être en pleine métamorphose.

Jean-François Krebs s’intéresse aux processus biologiques, comme la capacité de régénération des végétaux. Lorsqu’une plante est coupée et replantée, elle poursuit son cycle de croissance, témoignant d’une vitalité persistante et de connexions organiques. La magie opère lorsque le végétal, déraciné, retrouve la terre. Dans cet acte de coupe et de replantation, l’être se transforme en une manifestation de résilience et d’adaptabilité. Il puise dans ses ressources internes, tirant profit des liens souterrains qui relient ses racines à un réseau invisible.

À KOMMET, Jean-François Krebs nous invite à repenser notre relation à notre environnement et à embrasser une perspective où la fluidité et la transformation deviennent des éléments centraux. L’artiste suggère une vie différente, où l’humain explore un transhumanisme végétal et propose une voie vers un avenir où la fluidité, la transformation constante, et une symbiose profonde avec la nature, façonnent une expérience de vie alternative.

Émilie d’Ornano

En collaboration avec la Factatory (Lyon)

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Jean-François Krebs vit et travaille à Londres. Iel a étudié l’horticulture à l’École du Breuil, l’architecture du paysage à Edinburgh College of Art et à l’École Nationale Supérieure du Paysage de Versailles et l’art à Goldsmiths University of London ainsi qu’au Maumaus à Lisbonne.

Jean-François Krebs a notamment exposé lors de la 8ème Biennale internationale d’Art Contemporain de Melle (2018), à la Triennale Art et Industrie de Dunkerque (2023-2024), à la galerie Sherbet Green à Londres (2023), à Ugly Duck à Londres (2022) ou encore à la Galerie Municipale Jean-Collet à Vitry-sur-Seine (2022). Iel a bénéficié d’une résidence à la fondation Martell axée sur le travail du verre en 2021. En 2023, iel est l’un des lauréats du Fluxus Art Project. Plus récemment, Jean-François a achevé une résidence à la Factatory (Lyon) dans le cadre de la préparation de sa prochaine exposition à KOMMET.

Vue d’exposition du solo show de Jean-François Krebs. Crédit photo : Lucas Zambon
Vue d’exposition du solo show de Jean-François Krebs. Crédit photo : Lucas Zambon
Vue d’exposition du solo show de Jean-François Krebs. Crédit photo : Lucas Zambon
Vue d’exposition du solo show de Jean-François Krebs. Crédit photo : Lucas Zambon
Vue d’exposition du solo show de Jean-François Krebs. Crédit photo : Lucas Zambon