Portrait filmé réalisé par Lam Son Nguyen – Lsnfilms
LESS VOYAGE
Depuis les vitrines de KOMMET, les spectateur·rices observent une série d’objets de la vie courante : chaises, table, lampes, cafetière, etc. Autant d’éléments référentiels qui peuvent subtilement nous projeter dans un espace de vie. Alexandre Caretti propose d’entrer dans le centre d’art comme on entrerait dans un appartement. L’entrée est marquée par un espalier qui sert de claustra, divisant la pièce en différentes zones. Ce premier sas remplit le rôle de couloir, agissant comme une transition entre l’extérieur et l’intérieur. Néanmoins, tout reste visible depuis la rue, soulignant que KOMMET demeure un espace public où l’intimité reste relative.
Alexandre Caretti explore l’espace domestique comme terrain de recherche formel. Plutôt que de viser une compréhension rationnelle, son objectif est de créer un langage artistique et sensible qui touche les visiteur·euses au-delà des limites de la logique et de la raison. Il tente de provoquer chez les spectateur·rices des micro-récits personnels en appelant des souvenirs liés à l’affect. À titre d’exemple, un simple objet comme une cafetière peut évoquer des souvenirs de moments partagés, de cafés du matin, ou encore une nostalgie pour des instants révolus. Ses œuvres suscitent des émotions et des récits personnels chez celleux qui les contemplent.
Cette volonté d’interactions confère aux œuvres d’Alexandre Caretti une forme d’agentivité, c’est-à-dire la capacité d’exercer un effet sur les publics. Cette approche se distingue nettement de la traditionnelle sacralité associée à l’art, où les œuvres sont souvent perçues comme des entités autoritaires et inaccessibles. Son intérêt ne se limite pas à la relation entre la figure de l’artiste et le·la spectateur·rice. Il explore également toutes les interactions affectives qu’il tisse avec ses propres œuvres, les autres artistes et l’environnement architectural dans lequel il expose. Son travail dévoile une fascination pour les réseaux affectifs dans leur globalité, offrant ainsi une expérience artistique multidimensionnelle et poétique.
Less Voyage offre une expérience de visite qui rompt avec la contemplation passive généralement associée à certaines expositions. L’artiste propose une nouvelle perspective sur notre quotidien en créant un répertoire de formes et de gestes qui transcende les explications narratives traditionnelles. Ses interventions se distinguent par leur subtilité, frôlant parfois l’imperceptibilité. Cette approche incite les publics à scruter et à réévaluer le statut des objets qui se présentent à leur vue, tout en explorant les résonances émotionnelles et esthétiques qui émergent de cette cohabitation entre œuvre d’art et objet du quotidien.
Émilie d’Ornano
Avec le soutien du Centre Wallonie-Bruxelles (CWB) Paris – Hors-Les-Murs Satellite
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Né en 1996 à Besançon, Alexandre Caretti vit et travaille à Lyon. Il est diplômé de la Haute École des Arts du Rhin, à Strasbourg en 2020. Son travail a été exposé au CRAC Alsace – Centre rhénan d’art contemporain (2018), le 19 – Crac Montbéliard (2020), le Casino du Luxembourg (2019) et le Casino Display (2020). Cette année, il participe à une exposition à l’École des Beaux-Arts de Belfort en partenariat avec le 19 – Crac Montbéliard, et sera régulièrement au CRAC Alsace – Centre rhénan d’art contemporain pour une collaboration dans le cadre de la bourse Emergences Grand Est. Son intérêt pour les réseaux affectifs des mondes de l’art l’a amené à devenir assistant régisseur à la Chaufferie – Espace d’art contemporain de Strasbourg, puis travaille actuellement comme chargé de communication et production au CAP • Centre d’art de Saint-Fons.