Fauve Tintigner et Marine Zonca – DEPUIS L’ÎLE DE PÂQUES

DEPUIS L’ÎLE DE PÂQUES

L’exposition Depuis l’île de Pâques met en tension les pratiques de deux artistes – d’une même génération – qui interrogent le couple nature et culture donc ce qui fait civilisation et ruines. C’est un penchant naturel de se laisser emporter par des songes. Percevoir la création comme un voyage, et s’imaginer déjà sur l’île de Pâques. Au loin sur l’océan, il y avait des hommes qui ramaient sur des pirogues faites de bois. Sur terre, des profils. Oui, des profils là, dressés et plantés en face des plages sur une terre défrichée presque aride. Les arbres ont été balayés par le vent, ils n’existent plus. Il n’y a plus que ces visages taillés dans la roche volcanique. Se dire que des aliens sont passés par là. Qu’au fond, on se fout de savoir s’ils existent, on veut juste voir à quoi ils ressemblent. Nos interrogations ont finalement un rapport constant à l’esthétique : vouloir voir et savoir ce qui se dégage de toute chose. Alors, on raconte que des Hommes et des Femmes les ont vu naître. Leur visage est carré, l’arête du nez est droite et prononcée avec une arcade néandertalienne cachant des orbites sans yeux. Depuis l’île de Pâques, on questionne la figure humaine, ce qu’il en reste et ce qu’elle laisse sur cette île.

De l’art et du désastre.

Interroger avant tout le pourquoi et le comment. S’imaginer se balader en regardant ces bustes. Se dire que tout était déjà là depuis la nuit des temps. Penser que les actions du bâtir devenaient partie intégrante de l’appréhension de l’œuvre. Se demander ce qui fait civilisation. Le vêtement, l’artefact, l’outil ou la photo ? Reconnaître et admettre la présence que certaines images au fond de notre esprit construisent notre perception. Comme des paroles qu’on prononcerait avec prémonition, on trouve que les sculptures de l’île de Pâques dessinent les architectures de notre prochaine Atlantide. Où, il ne restera que l’âme de nos sculptures.

Commissaires d’exposition Rose Barberat et Alexandre Samson pour OFF.ON.FOCUS

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Fauve Tintigner est née en France en 1993. Elle vit et travaille à Paris. Elle a étudié à l’ESAD de Reims pour ensuite intégrer l’ENSAPC, puis a rejoint pour son master 1 KMD Bergen en Norvège. Actuellement basée à Paris, elle poursuit sa pratique de peintre mais aussi une pratique en duo avec l’artiste Juan Ignacio Lopez. Fauve questionne le vivant, en vouant un pan de sa pratique aux algues. Pour elle, le végétal cristallise un espoir, nous évoque d’autres modes de consommation dans un monde où nous nous questionnons sur notre impact. La pratique de Fauve questionne également les espaces où elle introduit ses toiles, en donnant une attention particulière aux lieux, dans lesquels les œuvres vont venir prendre place.

Marine Zonca est née à Paris en 1993. Elle vit et travaille à Lyon. Artiste plasticienne, elle obtient un DNSEP en 2017 avec les félicitations du jury à l’ENSBA Lyon. Après son diplôme, elle est invitée à exposer au Japon au sein d’une exposition collective autour de la spiritualité. Elle assiste ensuite Tadashi Kawamata pour la construction d’une œuvre monumentale. Cette même année, elle organise l’exposition La Dissociation en collaboration avec des psychiatres afin de traiter de la figure du curateur/médecin. Elle travaille régulièrement avec le collectif Arcade Majeur basé à Romainville autour d’expositions expérimentales. En mars 2020, elle exposera en solo à l’espace d’art contemporain La Serre à St-Étienne. Elle donne le nom d’objets-images aux sculptures et aux installations qu’elle réalise.

Vue d’exposition © photo Motoki Mokito
Vue d’exposition © photo Motoki Mokito
Vue d’exposition © photo Motoki Mokito
Vue d’exposition © photo OFF.ON.FOCUS