SUPER BOUQUIN – Librairie éphémère

SUPER BOUQUIN, c’est une sélection de micro-éditions, auto-éditions et revues qui se sont emparés de l’espace de KOMMET le week-end du 23 & 24 avril 2022, à Lyon. Dans cette librairie éphémère ont été présentés pas moins de 200 ouvrages qui abordent, revendiquent et mettent en forme : création, féminisme, politique, écologie, science-fiction, graphisme, photographie, écriture…

Tout au long du week-end, les visiteurs ont pu venir à notre rencontre pour bouquiner, grignoter, échanger et assister à de multiples lectures :

✺ Cybersista – Club Maed, Club cyberféministe intersectionnel installé au Labo NRV.  Présentation samedi à 16h30 du guide pratique de l’écriture inclusive en école d’art
✺ Auto-ARC Tout le monde sait écrire, de l’ESAD Valence, Collectif d’écriture et d’éditions : Lecture de leur fanzine collectif Adelphité *, lecture à la suite de Cybersista – Club Maed
✺ Les mots de trop, Outil de lutte et de sensibilisation à destination de tous·tes les étudiant·es des milieux de la culture. Consultation de leur Mini-guide d’auto-défense, à emporter à prix libre en soutien.

Participants à SUPER BOUQUIN  :

Boulangerie Pâtisserie Sorcellerie • Éditions de l’Obsession • Woman Cave Collective • Les Presses d’URL • Les Milieux • La Perruque • Cyprien Desrez • aroundpress • Éditions Sheet • Acédie 58 • Lise Dua • Les Éditions Karbone • Lazare Lazarus • dorica castra • Paris-Brest • POST it • Idoine • Revue Revive • Mathias Roche • Emilien Adage • hyphe • Fabien Coupas • Marine Forestier • Barbapop • Facile Press • Alice Marie Martin • François Henninger • Castel Coucou • Pouppeville Laura • Bande de éditions • Clémence Rousseau • Edith Despavet • Quentin Coussirat • éditions les – – lilas.christmas  • CP.MG • édition FP&CF • Solarium tournant • Jeanne Chopy • L’atelier du Palais •


SUPER SAPIN est une équipe issue de rencontres entre Lyon, Clermont-Ferrand, Paris et Nantes. Depuis 2019, elle propose des ventes de pièces d’artistes et designer·euses, pour diffuser leurs travaux et leur offrir une visibilité conviviale. Ces événements permettent de croiser des pratiques, des questionnements et des revendications, mais aussi de créer des rencontres et soutenir les artistes.


Rémy Drouard – CAMPING INTERDIT…

CAMPING INTERDIT,
MONTÉE SOUDAINE DES EAUX MÊME PAR BEAU TEMPS

Dans ses peintures, sculptures, installations ou dans son travail d’écriture, Rémy Drouard s’inspire de son propre quotidien. À travers un regard poétique et comique, il saisit des moments on ne peut plus banals. Ces bribes de souvenirs heureux sont alors immortalisées sur des toiles et parfois sur des supports moins classiques : caillou, bout de bois ou bien même sur de la brique. L’artiste s’amuse alors à désacraliser la fameuse toile peinte sur châssis fixée au mur. Bien que toute la première partie du XXe siècle ait permis de libérer l’espace plastique de l’emprise du cadre, du châssis ou encore du socle, Rémy Drouard ne déroge pas à cette intention. Après avoir passé de longs moments à observer le sol carrelé de KOMMET, Rémy souhaite intervenir sur ce dernier. Afin de l’occulter, il décide d’entamer la réalisation d’une peinture sur toile qui viendrait recouvrir l’entièreté du sol, soit une surface totale de 35m2 environ. En résidence pendant un mois à Moly-Sabata (Sablons, Isère), l’artiste s’est attaqué à ce travail laborieux et minutieux.
 
Face à une œuvre exposée, dans un musée par exemple, on note un certain nombre d’habitudes comportementales. En effet, il est d’ordinaire interdit de toucher et encore moins de piétiner une œuvre. En 2017, un visiteur marcha par inadvertance sur une œuvre d’Yves Klein au Musée d’Art Moderne et d’Art Contemporain de Nice : l’affaire ubuesque faisait les gros titres. À KOMMET, impossible de rentrer dans l’espace d’exposition sans être contraint de marcher sur la toile. L’installation de Rémy Drouard désoriente en proposant un autre mode de contemplation puisque rien n’est accroché au mur et que tout est disposé à même le sol. S’ensuit alors une chorégraphie cocasse du visiteur qui tente d’éviter les sculptures disséminées par terre.
 
Le carrelage de KOMMET a donc laissé place à la représentation d’un sol faussement naturel et inerte où l’on observe à nos pieds cailloux, brindilles, mégots, feuilles mortes, rat, poissons (déchiquetés par un possible prédateur) et même les restes d’un feu de camp délaissé. On retrouve également certains objets peints qui semblent être tout droit sortis d’une bande dessinée. L’artiste joue d’ambiguïtés et cherche à tromper le regard du spectateur en peignant sur divers matériaux. La brindille en céramique se retrouve alors installée à côté d’une brindille naturelle, toutes deux peintes avec le même traitement.
 
Camping interdit, montée soudaine des eaux même par beau temps – titre donné à cette exposition ainsi qu’à l’installation – est une indication empruntée à certains panneaux que l’on retrouve aux abords de lieux dangereux, notamment en lisière de barrages hydroélectriques. Malgré leur présence, force est de constater qu’ils ne sont pas toujours respectés. Tout comme sur certains chemins boisés, à KOMMET on décèle les traces d’une activité humaine, figurées par les restes d’un feu de camp et par la multitude de mégots éparpillés. Ces derniers nous indignent lorsqu’ils sont jetés en pleine nature. Avec beaucoup d’humour, Rémy Drouard explique que le mégot est « subversif ». Tout comme lui à l’époque, nombreux sont les adolescents à cacher leur tabagisme à leur parent. Dans l’espace d’exposition, ces mégots cohabitent avec un parterre de galets colorés sur un sol de terre humide. Le visiteur reste libre d’imaginer les possibles épisodes de fêtes ou de barbecue qui ont pu s’y tenir.
 
En imaginant ce sol, Rémy Drouard entremêle plusieurs souvenirs personnels. Il se rappelle tout d’abord de cette plage dans le pays breton qu’il a foulé à huit ans en classe de mer. Le sable était jonché de coquilles d’escargots vides et multicolores. Plus récemment, il raconte ces instants passés dans le massif du Queyras au bord de la rivière du Guil. Fusionnant ces souvenirs bretons et ceux du sud-est de la France, Rémy Drouard propose aux visiteurs une échappée belle dans un décor de berge fictive. Cette installation lui permet de reconfigurer le rapport entre l’œuvre et le spectateur ainsi que son lien avec l’espace d’exposition.

Commissariat
Émilie d’Ornano 

Exposition en collaboration avec Moly-Sabata

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Né en 1991, Rémy Drouard vit et travaille à Nantes. Il est diplômé de l’École Supérieure d’Art de Clermont Métropole (ESCAM). Son travail a été exposé à l’Espace Larith (Chambéry) au Creux de l’Enfer (Thiers), à l’Attrape-Couleurs (Lyon) ou encore au Frac Champagne-Ardenne Reims). En novembre 2021, il effectue une résidence de création à Moly-Sabata afin de produire les pièces pour son exposition personnelle à KOMMET. 

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Guillaume Lo Monaco – ACME

ACME

Guillaume Lo Monaco développe une pratique sculpturale autour de l’enfance. Ses installations présentent bien souvent un décalage entre la forme – ludique et colorée – et le fond qui dévoile une noirceur certaine. Pour son exposition à KOMMET, il détourne et conçoit des « jeux-sculptures » devenant alors dissonants et absurdes. Il distord ces objets pour les amener sur un terrain de jeux menaçant.

L’artiste souhaite aborder les choses avec le regard innocent, sans filtre, d’un enfant. Il invoque un vocabulaire qui n’a d’enfantin que l’apparence. Jouant d’ambiguïtés, la sémantique des titres qu’il donne à ses pièces, nous livre des indices sur le réel sujet traité : les problématiques sociétales et sociales. Bien qu’abordant de manière critique différents thèmes, sa démarche n’est pas pédagogique, pariant plutôt sur les échanges qu’ils peuvent engendrer.

Dans cet espace, aux airs de chambre d’enfant ou encore de crèche factice, Guillaume Lo Monaco chahute et dénonce. Bien que Toxyc soit un tapis-puzzle en mousse, son titre lui confère une signification préoccupante. Après de nombreuses alertes sur la composition cancérigène de ce type de jouet, leur commercialisation a été interdite en France. Sur cet objet, créé de toute évidence pour que les enfants puissent déambuler en toute sécurité, l’artiste y crible des symboles de danger. Le tapis douillet se transforme alors en un environnement dangereux et inquiétant. Progressivement, Guillaume Lo Monaco décrit sa vision alarmiste du monde d’aujourd’hui et met en exergue certains sujets d’actualité.

Il aborde notamment l’acceptation sociale de technologies qui pourraient nous faire entrer dans une forme de dystopie sans même que l’on s’en aperçoive. Malgré certaines controverses, des villes ont utilisé des drones durant les périodes de confinement pour disperser les personnes qui ne respectaient pas les mesures gouvernementales ou encore pour suivre des manifestations. Au XVIIIème siècle, le philosophe Jeremy Bentham conceptualise le panoptique : architecture carcérale prenant la forme d’une tour centrale permettant aux surveillants d’observer sans être vus par les prisonniers. En analysant ce dispositif, Michel Foucault explique – dans son ouvrage Surveiller et Punir (1975) – que la surveillance modifie insidieusement les comportements. Il parle alors d’une société disciplinaire où l’on intègre les normes de bonnes conduites au détriment de notre liberté. À KOMMET, Guillaume Lo Monaco s’insurge de l’utilisation d’outils technologiques dédiés au contrôle et transforme un tir aux pigeons en un « tir aux drones » et détourne des cibles en y insérant différents modèles de caméras de surveillance. Les œuvres Tir aux nuisibles et Cible de tir permettent à l’artiste de rendre compte d’un jugement partial, d’une vision d’un avenir qui le dérange.

Boston Dynamics, entreprise américaine spécialisée dans la robotique, met en vente en sur le marché en 2020 son robot « Spot ». Pour tenter de freiner la propagation du Covid 19, Singapour utilise le chien jaune pour faire respecter la distanciation sociale. Le quadrupède parvient également à comptabiliser le nombre de personnes qu’il croise, devenant une alternative aux drones, aux caméras de surveillance ainsi qu’à une police « traditionnelle ». Au sein même de la série fiction Black Mirror, un chien robot voit ses capacités décuplées, devenant totalement incontrôlable. L’épisode « Metalhead » (2017) nous plonge alors dans une chasse à l’homme menée par un « Spot » fictif. À KOMMET, ce dernier se retrouve parodié en un robot à bascule. Pour déplacer ce type de jouet, l’enfant doit le chevaucher pour le faire osciller. Ainsi maitrisé, les potentielles dérives d’un tel robot se dérobent.

Guillaume Lo Monaco souhaite permettre aux visiteurs de creuser certains sujets abordés. Nichés dans une bibliothèque qui semble être conçue pour les enfants, Le Joli Rouge a été invité à sélectionner des livres en lien avec l’exposition. Le Joli Rouge est une plateforme en ligne qui recense des ouvrages, textes et articles autour du féminisme, de l’éthique animale ou encore de l’anarchisme. Libre et gratuit, Le Joli Rouge propose donc des livres pouvant être emportés au cours de l’exposition, reprenant ainsi le concept d’une « boîte-à-lire », également appelée bibliothèque de rue. Le public est donc invité à feuilleter, à lire, à emporter ou encore à partager les ouvrages présents à KOMMET.

L’artiste propose aux visiteurs une double lecture pour le titre de son exposition. Acmé signifie « un point culminant », « un apogée ». Ce terme est d’ailleurs utilisé en médecine pour parler du degré d’intensité le plus haut pour une maladie. ACME (A Company that Makes Everything) est également l’acronyme d’une célèbre société fictive apparue dans les dessins animés Looney Tunes. Elle apparait comme un fabricant et un prestataire de services qui serait capable de tout proposer. On découvre dans de nombreux épisodes le personnage de Vil Coyote acheter des armes, des fusées ou encore des enclumes pour tenter d’attraper Bip Bip. Le coyote est systématiquement stoppé net par ses achats défectueux. Vil Coyote s’emballe et surconsomme et à KOMMET, c’est un cargo qui se scinde et s’échoue. Ce modèle réduit fait écho au porte-conteneurs Ever Given qui a bloqué le Canal de Suez pendant six jours, condamnant un axe majeur de transport de marchandises, soulevant ainsi des questions sur notre surconsommation et nos sociétés capitalistes.

Comme une sorte de « manifeste sculptural », l’artiste nous livre sa vision du monde via le prisme de l’enfance. À travers cette exposition, le visiteur est donc invité à débattre, à se questionner et à échanger sur les dérives technologiques, l’écologie, l’économie, la surconsommation, ou encore sur le contrôle de la population. Autant de sujets qui l’interrogent et – en appelant à notre rapport à l’enfance – nous amène à réfléchir sur notre condition moderne en tant qu’individus, mais aussi en tant que société toute entière.

Commissaire d’exposition Émilie d’Ornano

Né en 1991, Guillaume Lo Monaco vit et travaille à Bourges. Il est diplômé de l’École supérieure d’Art d’Aix-en-Provence. Son travail a été exposé à la galerie Anthony Roth (Paris), La Graineterie (Houilles) ou encore à la collection Yvon Lambert (Avignon), Guillaume Lo Monaco réalise plusieurs résidences, notamment à l’atelier Motoco (Mulhouse) et à Work in common (Nottingham)

Guillaume Lo Monaco, vue d’exposition ACME
Crédit photo : LSN Films

Guillaume Lo Monaco, Toyxic, 2016
Crédit photo : LSN Films

Guillaume Lo Monaco, Krach 2, 2021
Crédit photo : LSN Films

Guillaume Lo Monaco, vue d’exposition ACME
Crédit photo : LSN Films

Guillaume Lo Monaco, sélection d’ouvrages par Le Joli Rouge, 2021
Crédit photo : LSN Films

Guillaume Lo Monaco, Tir aux nuisibles, 2021
Crédit photo : LSN Films

Simon Lazarus – T/MBER!

Vidéo réalisée par LSNFilms

T/MBER!

L’interjection «Timber!», signifiant «Attention!», précède la chute imminente d’un arbre que l’on a entrepris de couper. Utilisée par les bûcherons, cette injonction à se mettre hors de danger désigne aussi, par extension, la charpente ou le charpentier.

Identité hybride, Simon Lazarus opère un perpétuel va et-vient entre l’art numérique, le design graphique et le graffiti. C’est dans le passage d’une pratique à l’autre qu’il se glisse, entrainant transferts et infusions dans son travail. Au moyen du dessin, de la sculpture et de l’installation, Simon Lazarus explore à KOMMET tout un terrain plastique via l’utilisation du numérique et des nouvelles technologies. À travers les mouvements hacker, maker et do it yourself, il s’adonne au détournement de certains dispositifs et cherche ainsi à contourner et à déplacer les usages d’un outil pour leur donner une toute autre fonction. Cette démarche lui permet de découvrir et d’expérimenter d’autres modes de représentation, qu’ils soient digitaux ou plastiques.

Dans sa pièce Repentir, Simon Lazarus utilise un polargraph, machine de dessin mural dont les plans sont disponibles en open source sur Internet. Guidé par des lignes de codes, l’outil transpose ainsi un dessin vectoriel créé par l’artiste. Pendant toute la durée de l’exposition, un geste mécanique s’activant de manière discontinue, modifie, altère, jusqu’à saturer complètement la fresque. Cette performance à « quatre mains », entre un homme et un robot, renvoie à cette idée que la machine pourrait être capable de suppléer l’homme. Dans l’ouvrage Une brève Histoire de l’humanité, Yuval Noah Harari pose la question suivante : estce l’homme qui a domestiqué le blé ou bien le blé qui a domestiqué l’homme ? Selon l’auteur, notre qualité de vie a été bouleversé depuis que l’homme chasseur-cueilleur est passé au stade d’agriculteur. Nous nous retrouvons alors dans une sorte de dystopie au sein de laquelle les individus perdent peu à peu leur liberté et leur autonomie au profit des machines.

Le dessin Zombra et le triptyque Trinité, conçus grâce à l’Autograph, est un procédé d’estampes numériques développé par Simon Lazarus. En bricolant un plotter, il y fixe cette fois-ci un stylo bic ou un feutre. Cette technique permet la reproduction automatisée de ses dessins vectoriels. En amont, l’artiste définit un nombre de tirages avant de définitivement effacer le fichier numérique, donnant ainsi un caractère unique et une matérialité physique au dessin. En effet, il n’en restera que la trace du stylo sur le papier qui se verra progressivement être gommée par les rayons du soleil. Dans sa pièce Zombra, Simon Lazarus rend visible et matérialise la disparition, quitte à nous emmener vers un monde fictionnel.  Les formes qu’il nous donnent à voir attirent toute notre attention et l’on se retrouve à tenter de décrypter cette scène fantasmagorique. Le triptyque est, quant à lui, directement inspiré du Jardin des délices de Jérôme Bosch (1450-1616). Cette peinture représente sur trois panneaux distincts : le Paradis au cœur d’une végétation luxuriante, le Paradis terrestre et enfin, l’Enfer. En reprenant sa composition, Simon Lazarus évoque l’ambivalence du progrès en jouant d’une multitude de références, visuelles ou historiques, entremêlant époque moderne et contemporaine. Le spectateur se retrouve alors à la recherche d’indices pour parvenir à déceler un contexte ou encore une temporalité. Cette référence à une peinture de la Renaissance n’est pas anodine, comme une réappropriation des valeurs humanistes à une époque où les questions environnementales sont de plus en prégnantes.

Entre la cathédrale et la ruine industrielle, l’élévation de cette architecture à KOMMET donne corps et matérialité à l’imagerie digitale développée par l’artiste. Panorama présente des effets de moirages accentués par ramification et démultiplication de grilles. S’ajoute à cela, des motifs aléatoires marqués par le contact des flammes sur la sculpture. Cette dernière apparait ici comme une ossature ébranlable, prête à s’effondrer, tel un château de cartes. Les chutes des plaques de bois découpées au laser, permet à l’artiste de reconstruire un pic, ou encore des supports pour de curieuses formes anthropomorphes et végétales réalisées en bioplastiques. Sorte de corne d’abondance moderne dans une esthétique aseptisée, ces éléments sont voués à évoluer, se gondoler, se rapetisser ou encore à moisir. Disposée au sol dans l’espace d’exposition, la série Bloom s’apparente à des autels tristement abandonnés.

T/MBER! explore poétiquement le thème de la chute et de la construction à travers le prisme de la conception technique. En recourant à des logiciels, machines ou encore robots automatisés, Simon Lazarus questionne, dans cette exposition, le rapport que nous entretenons face au progrès technique et social. En 2010, on note l’apparition du terme « collapsologie » désignant un courant de pensée transdisciplinaire qui traite d’une prise de conscience des enjeux sociétaux, économiques et écologiques. Lors d’un voyage à Dubaï, l’artiste découvre d’étranges palmiers aux feuilles géométriquement parfaites. En scrutant attentivement cette photographie, on découvre la présence d’une échelle et d’une trappe dans le tronc de l’arbre. Après avoir été trompé au premier regard, on déduit assez rapidement que l’on est devant une antenne 4G déguisée en palmier. Cette photographie devient malgré elle un outil quasi-comique de sensibilisation alternatif faisant écho aux pensées des collapsologues. Loin d’un constat alarmiste et fataliste l’artiste nous projette, avec cette exposition, dans la vision d’un avenir résilient où les individus peuvent encore (ré)agir.

Commissaire d’exposition Émilie d’Ornano

L’exposition T/MBER! a reçu le soutien du fonds SCAN, bourse de production portée par la Région Auvergne-Rhône-Alpes et la DRAC Auvergne-Rhône-Alpes pour la création numérique.

Né en 1984, Simon Lazarus vit et travaille à Aubervilliers. Il est diplômé d’un double cursus Art & Design graphique à la H.E.A.R. (Haute école des arts du Rhin) à Strasbourg. Son travail a été exposé au 6B (Paris), au DOC ! (Paris), au Palais de Tokyo (avec le collectif Road Dogs), à la fête des Lumières de Lyon, à Constellation à Metz ou encore au Sharjah Light Festival (Émirats arabes unis). Simon Lazarus réalise plusieurs résidences, notamment à Nomada à Dubaï (Émirats arabes unis), aux Usines à Ligugé (86), à Stéréolux à Nantes ou encore à Simplon Lab à Paris.

Simon Lazarus, vue d’exposition T/MBER!
Crédit photo : Simon Lazarus
Simon Lazarus, vue d’exposition T/MBER!
Crédit photo : Simon Lazarus
Simon Lazarus, vue d’exposition T/MBER!
Crédit photo : Simon Lazarus
Simon Lazarus, vue d’exposition T/MBER!
Crédit photo : Simon Lazarus
Simon Lazarus, vue d’exposition T/MBER!
Crédit photo : Simon Lazarus
Simon Lazarus, vue d’exposition T/MBER!
Crédit photo : Simon Lazarus

Louise Porte et Harold Lechien – L’AFTER SHOW

L’AFTER SHOW

Pour sa nouvelle exposition, KOMMET a le plaisir de s’associer au Centre Wallonie Bruxelles dans le cadre de sa « Saison Parallèle » lyonnaise. Cette programmation transdisciplinaire a pour objectif de mettre en avant la scène artistique basée en Fédération Wallonie-Bruxelles. À KOMMET, deux territoires se réunissent par l’intermédiaire de deux artistes : Louise Porte, née en France, basée entre Lyon et Paris, et Harold Lechien, né en Belgique, basé à Bruxelles. Tous deux questionnent notre rapport au quotidien, à notre environnement mais aussi à la place que nous accordons à l’affectif dans nos sociétés contemporaines. Ils créent et façonnent de nouveaux récits mais avec des esthétiques bien distinctes. Le travail de Louise Porte se retrouve alors à la lisière des arts visuels et scéniques tandis qu’Harold Lechien a une pratique des arts visuels formellement tournée vers l’image imprimée et les médias numériques. Le terme « duo show » s’entend plus que cela ne se voit. Dès leur première rencontre, il a été question de composer un récit à deux où chaque élément présent dans l’espace se ferait écho.

Dans cette exposition, les visiteurs sont conviés à découvrir l’after d’un évènement dépourvu de vie. La mise en scène rayonne mais il semblerait que tout reste en suspens. Louise Porte et Harold Lechien invoquent un espace fictif et absurde hors du temps. Pour vite s’en rendre compte, il suffit au visiteur d’observer la photo d’une sculpture antique nichée dans un panneau publicitaire lumineux. Plusieurs réalités et temporalités s’y entremêlent : la statue d’un homme est recouverte à quelques endroits stratégiques de pics anti-pigeons, grossièrement collés, dans lesquels se sont coincés des serpentins de fête. Cette photographie de Louise Porte est rapidement devenue l’œuvre matricielle de cette exposition, le point de départ d’une narration co-écrite avec Harold Lechien. 

Malgré l’abandon de l’espace par les individus, la représentation du spectacle subsiste au travers de multiple « vestiges » délaissés. Impossible de dater ce moment mais des récits émergent et l’on fantasme sur ce que l’on aurait vraisemblablement manqué. À la manière d’un cataclysme naturel, le mobilier, emprunté aux codes de l’évènementiel, semble comme fossilisé, complètement figé. Certains objets oubliés – ou abandonnés de manière précipitée – arborent ce même revêtement minéral. Ces éléments perdent ainsi leur singularité pour se retrouver pétrifiés dans une standardisation manifeste de l’objet. Ces « vestiges », à l’esthétique quasi-archéologique, pourraient faire remonter à la surface des émotions et des souvenirs du passé. Bien que la présence physique d’individus ait disparu, des oiseaux prennent le relai. Animal a priori dénué d’expressions, ces volatiles extériorisent ici de manière exacerbée et burlesques certaines de nos émotions ou états de corps :  ivresse, joie, détente ou encore hilarité.

L’after show met en présence la réalité d’une absence : l’instant est passé mais on se le re-présente au travers d’éléments abandonnés. Ce ne sont pas les détails de cet hypothétique évènement qui sont l’objet du désir, mais bien la représentation illusoire de ce désir. Ici, le fantasme surgit via le manque – ce que l’on imagine avoir raté. Louise Porte et Harold Lechien ont, en quelque sorte, statufié ce moment, donnant ainsi de multiples interprétations pour le spectateur. Le doute plane, est-ce un regard tourné vers le passé, le présent ou encore une réflexion portée sur le monde d’après ? Dans cette exposition, les artistes nous incitent à nous immerger dans l’absurde aussi bien que dans la frustration d’avoir, peut-être, manqué le show de l’année.

Commissaire d’exposition Émilie d’Ornano

Exposition en collaboration avec Valentine Robert du CWB

Née en 1993 à Clermont-Ferrand, Louise Porte vit et travaille entre Lyon et Paris.
Elle est diplômée en 2016 de l’École Supérieure d’Art de Clermont Métropole. Son travail a été exposé à home alonE (Clermont-Ferrand), à Micro-onde – centre d’art contemporain de l’Onde (Vélizy-Villacoublay), à Le Basculeur (Revel-Tourdan) ou encore à Real Time & Space (Oakland, États-Unis). Depuis 2017, Louise Porte réalise plusieurs résidences, notamment à La Casona Roja (Lima, Pérou), à l’envers des pentes (Parc national des Écrins, Hautes-Alpes) ou plus récemment à l’Atelier Bonus (Nantes). En décembre 2020, elle intègre le « Laboratoire de création » initié par le macLYON.

Né en 1995 à Bruxelles, Harold Lechien vit et travaille à Bruxelles.
Il termine actuellement un Master à l’École Nationale Supérieure des Arts Visuels de La Cambre, mention Espace Urbain et Image Imprimée. Son travail a été exposé lors de la foire Artists Print au Brass (Bruxelles), au Centre de la Gravure et de l’image imprimée (La Louvière, Belgique), ou encore à Kanal – centre Pompidou (Bruxelles). En 2020, Harold Lechien participe à l’exposition collective Labo_Demo#2 au Centre Wallonie-Bruxelles à Paris. 

Louise Porte et Harold Lechien, vue d’exposition L’after show
Crédit photo : Amélie Berrodier
Louise Porte et Harold Lechien, vue d’exposition L’after show
Crédit photo : Amélie Berrodier
Louise Porte et Harold Lechien, vue d’exposition L’after show
Crédit photo : Louise Porte
Louise Porte et Harold Lechien, vue d’exposition L’after show
Crédit photo : Louise Porte
Louise Porte et Harold Lechien, vue d’exposition L’after show
Crédit photo : Amélie Berrodier

Résidence Hélène Hulak

KOMMET a eu le plaisir d’accueillir l’artiste Hélène Hulak en résidence de création du 15 mars au 30 avril.

Hélène Hulak développe une pratique d’installation mêlant peinture, sculpture, textile et vidéo. Elle emprunte des images issues de la culture populaire susceptibles de connaître des mues successives. Elle joue et use, à outre mesure, de leurs codes afin de générer chez le spectateur une réflexion liée à notre rapport au genre et à notre environnement. Lors de performances, Hélène Hulak active et prend pleine possession de ces corps déformés, distordus et chatoyants.

Née en 1990, Hélène Hulak vit et travaille à Lyon. Diplômée de l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Lyon, son travail a notamment été exposé au macLyon, aux Magasins Généraux (Pantin) et à Metaxu (Toulon). Invitée par Studio Ganek, elle participe au mois d’avril 2021 à l’exposition collective À ciel ouvert, installée dans des panneaux d’affichage de la ville de Lyon. 

Dans le cadre de cette résidence de création, Hélène Hulak a développé ses recherches autour d’une série de nouvelles pièces textiles. Son travail sera présenté lors d’une exposition à KOMMET début 2022.

Hypnotic Poison, 2021

Cyprien Desrez – ET IL FAUDRA FROISSER LA FEUILLE

ET IL FAUDRA FROISSER LA FEUILLE

Cyprien Desrez développe une pratique plurielle : installation, sculpture, dessin, performance, écriture ou encore photographie. Avant tout, il s’attache à faire des choses qu’il apprécie comme simplement boire du café, cuisiner, voyager ou bien flâner dans les rues de Caen. Comprenons ainsi qu’il ne hiérarchise aucune de ses activités et, qu’au final, chacune de ses actions est intimement liée à sa pratique artistique. Il fait le choix de s’emparer de ce qui l’entoure et s’inspire continuellement de ses pérégrinations ou même de discussions avec des inconnus lors de ses nombreux voyages en auto-stop. Cyprien Desrez marche dans les pas d’un conteur d’histoires. Il aime se présenter comme un « étudiant retraité » qui ne cesse jamais d’apprendre et d’expérimenter.

Lorsque Cyprien Desrez tombe, par hasard, sur un carton abandonné, il entreprend quasi systématiquement de le ramener à pied jusqu’à son atelier. Pour lui, nul besoin d’acheter frénétiquement du matériel car la rue est en quelque sorte devenue son « Leroy Merlin » de quartier. Il y collecte une multitude de matériaux considérés comme des rebuts pour en explorer leurs potentiels comme moyens d’expression. Dans son travail, il questionne essentiellement la notion de déplacement mais, ce qui s’impose d’emblée à notre regard, ce sont ces couleurs vives et ces formes immédiatement reconnaissables : animaux, screenshots provenant de Google Images ou encore pots de sauces kebab. Tout peut être nommé et identifié. Ses œuvres conservent en effet tout leur pouvoir évocateur : un conglomérat de références liées à la vie quotidienne.

À l’instar d’une exposition qui serait visible à KOMMET ou dans un quelconque autre white cube, Cyprien Desrez a été invité à concevoir une « exposition à emporter ». Déjouant les contraintes liées à la crise sanitaire, ce format permet le déplacement de l’exposition, se déployant de manière tangible dans l’espace domestique. L’installation Et il faudra froisser la feuille, dont le titre donne son nom à l’exposition, est composée de deux feuilles et d’un livret. Dans ce dernier, un protocole d’installation est à consulter en première page.

Enfant, on ne cesse de nous répéter qu’il ne faut pas s’approcher du feu, au risque de nous brûler. Dans cette installation, Cyprien Desrez déroge à cette règle pour nous inciter à élever l’âtre et à modeler la flamme. Il transpose avec facétie les manipulations qui permettent de concevoir un feu : placer des bûches, froisser du papier journal et lancer la combustion. Explorant une esthétique issue des jeux vidéo, il représente de faux volumes afin de rendre perceptible le simulacre d’un feu de camp. Le feu révèle un caractère ambivalent, entre destruction et émerveillement, un contraste entre deux points de vue intrinsèquement liés. Il est à la fois inquiétant mais peut aussi être rassurant. Selon Cyprien Desrez, « c’est chaleureux, le feu c’est fantastique ! C’est le feu ! ». Fasciné par toutes les vidéos YouTube montrant des bûches se consumant pendant des heures, il envisage le feu comme un moment placide propice à la contemplation et à l’échange.

Le livret intitulé Et il faudra froisser la feuille est publié aux éditions [dere]. Depuis la création de cette maison d’édition factice, Cyprien Desrez relate des moments vécus. La vie lui semble tellement riche qu’il n’éprouve aucunement le besoin d’inventer des histoires. À KOMMET, ou plutôt dans le lieu où se déploie cette exposition, Cyprien Desrez nous suggère subtilement de prendre le temps et nous convie à le rejoindre joyeusement au coin du feu.

Commissaire d’exposition Émilie d’Ornano

Né en 1993, Cyprien Desrez vit et travaille à Caen. Diplômé de l’ESAM Caen/Cherbourg en 2018, son travail a été exposé au Projektraum Ventilator (Berlin), AU LIEU (Paris) ou encore à Bubahof (Prague). Depuis 2018, il est en résidence au Labo des Arts (Caen). En 2021, il publiera un texte dans la Revue GROSGRIS et entamera une nouvelle résidence à l’Usine Utopik en Normandie puis au Portique, centre régional d’art contemporain (Le Havre). Cyprien Desrez participe également au programme DE VISU, dispositif de sensibilisation à destination de scolaires dans la région normande.

Cyprien Desrez, vue d’exposition Et il faudra froisser la feuille
Crédit photo : Lucas Zambon
Cyprien Desrez, vue d’exposition Et il faudra froisser la feuille
Crédit photo : Lucas Zambon
Cyprien Desrez, exposition à emporter Et il faudra froisser la feuille
Design graphique : Atelier C&J
Crédit photo : Lucas Zambon
Cyprien Desrez, vue d’exposition Et il faudra froisser la feuille
Crédit photo : Lucas Zambon

Exposition à emporter (design graphique : Atelier C&J)

Léa Bouttier – HOW YOU MOVE ME

HOW YOU MOVE ME

À travers la sculpture, la performance et la vidéo, Léa Bouttier mène une réflexion globale autour de l’usage des formes et du langage. De Robert Filliou à Franz West, en passant par Paul Cox, elle s’inscrit dans un héritage où l’artiste facétieux pose la question d’un échange heureux avec le spectateur. À la manière de la Verbs list de Richard Serra, Léa Bouttier a entamé pour l’exposition How you move me une liste d’actions liées aux gestes. Rouler, jeter, saisir, pivoter ou encore renverser, sont autant de manipulations qui nous permettent d’appréhender physiquement des objets. Cette recherche qu’elle opère lui permet de s’interroger sur la manière dont une forme engendre un mouvement. Ainsi à KOMMET, l’artiste tente de sonder le pouvoir des formes par le geste sculptural.

Choisi pour son caractère polysémique, le titre donné à cette exposition est tiré du refrain de la chanson Moving de Kate Bush. En effet, comprenons ce titre comme « la manière avec laquelle tu me fais bouger » mais pouvant être aussi traduit en français par « la façon dont tu m’émeus ». Ce double sens du verbe move en anglais, nous plonge dans une approche sensible et poétique de l’exposition. Avec sa pièce Rouler, saisir, compléter et poursuivre, l’artiste bouleverse notre rapport à l’œuvre car ici, ce sont les gestes qui enclenchent et matérialisent cette installation. Les visiteurs sont ainsi sollicités à faire usage de la sculpture en la manipulant et en l’expérimentant. À nouveau, Léa Bouttier joue avec les formes mais aussi avec les mots. En effet, le terme usage ayant lui aussi un double sens. Il peut être interprété comme l’acte d’utiliser quelque chose ou encore de pouvoir user cette chose, jusqu’à peut-être considérer qu’un objet, par son usage, va inévitablement se détériorer par le temps.

Dans ce dispositif sculptural, une série d’objets, semblables à des billes ou encore des toupies, sont agencés sur un plateau à différents niveaux. Léa Bouttier invite les visiteurs à pleinement les actionner à partir de gestes simples. La place de ces objets est loin d’être figée, tant ils sont amenés à être déplacés, jetés ou encore lancés pendant toute la durée de l’exposition. Ces derniers se retrouvent alors libres de se nicher ou même de se mouvoir dans les tourbillons, cavités et pentes douces de l’œuvre. Ces formes familières, que l’on retrouve dans un grand nombre de jeux d’adresse, permettent le développement de la coordination du geste et du mouvement par l’observation et la mentalisation du plateau et donc de l’espace. Ces formes deviennent les supports de l’expérimentation, des outils, des sortes de catalyseurs de l’œuvre.

Léa Bouttier puise son inspiration dans l’univers du flipper mais aussi dans les foires ambulantes où l’on continue à jouer notamment au passe-trappe, au jeu de bagatelle ou encore au billard japonais. Nous connaissons tous l’objectif de tels jeux, consistant la plupart du temps à tenter de positionner un objet à un endroit précis. Dans ce texte, les règles et les mécaniques ne seront pas dévoilées car à première vue, certaines seront comprises immédiatement tant elles nous sembleront familières. Pour certaines formes, les visiteurs se retrouveront dans l’obligation de développer de nouvelles ressources et d’inventer de nouvelles règles de jeux. L’œuvre suscite une initiative dont les effets sont imprévisibles. Cette installation n’induit pas seulement une simple réception sensible et passive du visiteur, mais celle d’une mise en situation d’activation de la pièce, seul•e ou à plusieurs. Léa Bouttier ouvre ainsi l’espace de l’œuvre et propose aux visiteurs-joueurs une manière différente d’appréhender la sculpture

Commissaire d’exposition Émilie d’Ornano

Née en 1993 à Montreuil-sous-bois, Léa Bouttier vit et travaille à Lyon. Elle est diplômée de l’ESAD Saint-Étienne, mention espace en 2017. Elle a notamment exposé aux Forces Motrices à l’ESADSE, à la biennale off de Saint-Étienne dans le cadre d’un projet collectif, ainsi qu’en 2017 la Cité du Design pour l’exposition des diplômés. En 2019, elle expose à la Serre à Saint-Étienne pour son premier solo show. Depuis 2017, Léa Bouttier est résidente aux ateliers du Grand Large à Décines-Charpieu (réseau ADÉRA).

Léa Bouttier, vue d’exposition How you move me
Crédit photo : Léa Bouttier
Léa Bouttier, vue d’exposition How you move me
Crédit photo : Léa Bouttier
Léa Bouttier, vue d’exposition How you move me
Crédit photo : Léa Bouttier
Léa Bouttier, vue d’exposition How you move me
Crédit photo : Léa Bouttier

Damien Fragnon – UN MIRAGE IRISÉ

UN MIRAGE IRISÉ

Damien Fragnon exerce une pratique de la sculpture et de l’installation et crée ainsi des environnements narratifs dans les espaces où il expose. Il mène une réflexion sur le monde et s’interroge sur la relation humain-nature. Ses recherches procèdent systématiquement d’un triple geste : l’observation, l’expérimentation puis la disparition. Ce n’est donc pas sans rappeler la nature qui agit elle-même par processus. Tantôt explorateur, il utilise essentiellement des matériaux qu’il collecte autour de lui, comme des pierres, des branchages, ou encore des bouteilles en verre. Travaillant par polarité, il confronte des éléments qui mêlent état naturel et intervention humaine. Tantôt scientifique, Damien Fragnon s’adonne également à la rédaction de protocoles afin de pouvoir comparer ou faire évoluer ses résultats. Il y retranscrit méthodiquement les expérimentations opérées sur la matière. En effet, les éléments qu’il sélectionne subissent les traces du temps et les intempéries. Abandonnés pendant une période définie, par exemple au détour d’une forêt, ou l’érosion naturelle d’une corde volontairement recouverte de sel.

L’exposition Un mirage irisé, dont le nom évoque un phénomène illusoire dû aux réfractions lumineuses, s’est attachée à rendre possible l’existence d’un « solo show confiné ». Cette dernière a été conçue pendant la période de confinement. Installée et pensée pour être visible de l’extérieur de KOMMET mais aussi déclinée en ligne. Pendant toute la durée de l’exposition, Damien Fragnon invite conjointement une communauté d’artistes plasticiens, musiciens, théoriciens, agronomes ou encore architectes, à s’enregistrer et à intervenir en ligne sur la démarche de l’artiste vue par le prisme de leurs activités respectives. 

Confiné dans l’Hérault, Damien Fragnon a dû s’adapter à la situation actuelle liée à l’épidémie de Covid-19 pour produire cette nouvelle installation. Qu’ils soient naturels ou manufacturés, son économie de travail reste inchangée : utiliser au maximum des éléments trouvés sur place pour l’élaboration de ses pièces. Pour cette exposition, les matières dont il s’empare lui permettent de créer une installation composite. La rigueur du cuivre, du marbre du plastique ou encore du verre rencontrent la fragilité de la nature, dans un équilibre incertain. Quelques éléments troublent néanmoins notre perception car une ambivalence plane sur le caractère naturel de certaines interventions. Par exemple, un morceau de bois semble avoir été rongé par des insectes et l’on se demande à juste titre si ce n’est pas l’artiste lui-même qui aurait sculpté ou façonné une partie de la matière.

Notons aussi l’importance de la temporalité dans sa pratique, qui se retrouve ici exacerbée par la crise sanitaire. Notre quotidien étant de facto rythmé par les annonces gouvernementales et par l’évolution de l’épidémie. L’artiste tente subtilement de nous plonger dans des environnements qui nous semblent familiers. Par exemple, l’activation automatique de néons colorés, lorsque la nuit commence à tomber, simule des couchers de soleil ou des lumières bleutées qui rappellent les éclairages de lieux industriels. 

Cette installation tentaculaire permet à Damien Fragnon des variations infinies. À KOMMET, elle semble figée mais en vérité cette dernière continue d’évoluer de manière autonome, sans la nécessité d’une quelconque intervention humaine. Pendant toute la durée de ce solo show, ces micro-organismes en suspension sont donc voués à muter, à s’adapter et à se transformer. Ainsi, le geste de l’artiste disparaît et la nature reprend peu à peu ses droits sur un environnement transformé par la main de l’homme. À l’ère de l’Anthropocène, on considère que l’humanité est un catalyseur de mutations et de certains processus tels que le réchauffement climatique ou encore la disparition progressive de la biodiversité. Un mirage irisé invite les visiteurs à se placer comme spectateurs et à se questionner sur ces enjeux et problématiques de notre propre survie. Damien Fragnon sonde avec poésie notre perception et notre rapport à la nature en créant ici ce qu’il nomme des « lianes urbaines ».

Commissaire d’exposition Émilie d’Ornano

Né en 1987, Damien Fragnon vit et travaille entre Lyon et Sète.

Il est diplômé de l’École supérieure d’art Annecy Alpes (ESAAA) en 2015 et rejoint la même année les Ateliers du Grand Large (réseau ADERA) à Décines-Charpieu jusqu’en 2018. Il part en 2019 en résidence en Thaïlande avec l’institut Français et l’ambassade de France et participera cette année aux Galeries Nomades, porté par l’Institut d’art contemporain de Villeurbanne.

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En lien avec l’exposition, Damien Fragnon a invité une communauté d’artistes plasticiens, musiciens, théoriciens, agronomes ou encore architectes, à s’enregistrer et à intervenir en ligne sur la démarche de l’artiste vue par le prisme de leurs activités respectives. Ces enregistrements ont été dévoilés pendant toute la durée de l’exposition via le lecteur soundclound ci-dessous :

 
Damien Fragnon, vue d’exposition Un mirage irisé
Crédit photo : Amélie Berrodier
Damien Fragnon, vue d’exposition Un mirage irisé
Crédit photo : Amélie Berrodier
Damien Fragnon, vue d’exposition Un mirage irisé
Crédit photo : Amélie Berrodier
Damien Fragnon, exposition Un mirage irisé
Détail La glycine aux reflets bleus et oranges
Crédit photo : Amélie Berrodier
Damien Fragnon, vue d’exposition Un mirage irisé
Crédit photo : Amélie Berrodier