SWISS FLEX
Exposition en résonance avec la Biennale de Lyon
David Bregenzer, Samuel Rauber et Jonas Weber fondent en 2018 le collectif Boyband CHIC. À travers la performance vidéo, ils questionnent la culture populaire et notamment la musique pop. En 2023, David et Samuel font évoluer ce projet, réorientant leur pratique artistique en duo vers des installations combinant vidéo, son, sculptures et ready-mades. Swiss Flex marque leur première exposition personnelle en tant que Nostal Chic.
À KOMMET, le duo explore le concept de hyggelig, créant un environnement à la fois étrange et artificiel. Hyggelig est un terme danois difficilement traduisible en français, car il englobe plusieurs notions liées au confort et au bien-être. Il évoque une ambiance chaleureuse, conviviale et accueillante, où l’on se sent bien et en sécurité. Ce mot est souvent employé pour décrire des moments simples et agréables, comme se retrouver chez soi entouré de ses proches, profiter d’une atmosphère cosy avec des bougies allumées, ou savourer une boisson chaude lors d’une soirée hivernale.
Dans ce même registre, la vidéo Cozy Cabin Ambience s’inspire des “vidéos de relaxation” populaires sur YouTube, où le crépitement d’un feu de cheminée et le sifflement du vent créent une atmosphère apaisante. Cette tranquillité est brusquement interrompue lorsqu’un personnage féminin apparaît à l’écran et engage une conversation avec les visiteur·euses. Dans l’exposition, Nostal Chic brouille ainsi la frontière entre réalité et simulation, invitant le public à plonger dans un monde miniaturisé où l’interaction, bien que suggérée, est en réalité soigneusement contrôlée.
Sur les murs de l’espace d’exposition, une série de cartes postales est encapsulée à la manière d’inclusions d’ambre. Ces inclusions, où des éléments naturels sont piégés dans de la résine fossilisée, préservent des fragments du passé, figés dans le temps. On y voit des enfants poser parmi des répliques miniaturisées de monuments, donnant l’impression de géants confinés dans un univers rétréci où le jeu semble interdit. Ces images, bien que floues et ambiguës, permettent aux spectateur·ices de s’identifier ou de projeter leurs propres souvenirs d’enfance.
David Bregenzer et Samuel Rauber s’amusent des changements d’échelles. Les maisons, malgré leur petite taille, regorgent de détails qui laissent entrevoir une vie à l’intérieur. Un feu de cheminée simulé, perceptible à travers un léger crépitement et un scintillement rougeâtre visible à travers les vitres, évoque la chaleur et le confort d’un foyer. De même, le scintillement d’un téléviseur à travers certaines fenêtres, accompagné des sons de programmes télévisés, renforce cette impression de vie paisible au sein de ces maisons.
Ce sentiment de sécurité et de confort est réservé aux habitant·es simulé·es des maisons miniatures, tandis que les spectateur·rices, surplombant la scène, ne peuvent que deviner ce qui se passe réellement à l’intérieur. Les maisons, perchées sur des formations rocheuses, semblent simultanément isolées et protégées, instaurant une ambivalence entre l’idée de refuge et celle de confinement. Cette dualité révèle comment la maison individuelle est perçue : un symbole éternel de confort et de protection, mais aussi un stéréotype qui, sous son apparence rassurante, invite à une réflexion critique. Ces œuvres questionnent la manière dont nous projetons nos idéaux de sécurité et de confort sur des espaces qui, en réalité, peuvent se révéler aussi fragiles qu’illusoires. Par exemple, la vidéo Nachem räge schint sunne (Après la pluie, le soleil brille) montre une boîte à musique en forme de chalet suisse qui, une fois ouverte, dévoile une réalité désenchantée. Bien que la musique traditionnelle suisse qui accompagne la scène soit joyeuse, l’ouverture du chalet est mystérieuse. Le toit se soulève, mais il est impossible de discerner ce que renferme réellement cette maison.
L’exposition invite à réfléchir sur la manière dont nous construisons nos propres illusions pour atteindre le bonheur et éprouver le hyggelig. Cette immersion dans une virtualité rassurante remet en question notre propre réalité. En oscillant entre le réel et l’illusion, Swiss Flex interroge la fragilité de nos certitudes et nous pousse à considérer que notre quête de confort et de sécurité pourrait reposer sur des fondations aussi instables que séduisantes.
Émilie d’Ornano
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Biographies
Né en 1991 à Berne, David Bregenzer vit et travaille à Bâle en Suisse. Il est diplômé d’un Master d’Art et de Design, Institut d’enseignement d’Art et de Design (IADE) à Bâle en 2019. Son travail a notamment été présenté au Cinéma REX à Berne (CH), à Garage COOP et à la Chaufferie à Strasbourg (FR) lors de l’évènement transfrontalier Regionale 23 ou encore au Musée d’art à Thoune (CH).
Né en 1990 à Berne, Samuel Rauber vit et travaille à Berne en Suisse. Il est diplômé d’un Master d’Art en éducation artistique avec une spécialisation en création et transmission à la Haute école des arts de Zurich en 2016. Il exerce également en tant que curateur indépendant. Son travail a notamment été présenté au Cinéma Apollo à Kreuzlingen (CH), à Garage COOP et à la Chaufferie à Strasbourg (FR) lors de l’évènement transfrontalier Regionale 23 ou encore au Musée d’art à Olten (CH).






