IT’S A TRIPLE DING DONG!
Sacha Collin Rivière, Henri Grandgarçon et Marguerite Rouan
En 2023, KOMMET a lancé le programme d’accompagnement et de professionnalisation KOMM! en partenariat avec l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Lyon. Ce dispositif vise à offrir aux diplômé·es inscrit·es en FCP (formation complémentaire de professionnalisation) une meilleure connaissance et analyse de l’environnement professionnel de l’art contemporain. L’exposition It’s a triple ding dong! est née du désir de poursuivre ces échanges et de se réunir à nouveau, neuf mois après la fin du programme. Ainsi, le centre d’art devient un lieu propice à d’heureuses retrouvailles, évoquant fugacement la maison de famille dans laquelle on partage des moments complices ou de chamailleries. Depuis leur première rencontre à l’école d’art, Sacha Collin Rivière, Henri Grandgarçon et Marguerite Rouan entretiennent une amitié forte et sincère. Dans cette exposition, les artistes témoignent de leur lien indéfectible malgré la distance qui les sépare désormais.
Henri Grandgarçon tisse des récits intimes à partir de 24 tickets de caisse rassemblés entre septembre 2023 et mars 2024. Conservés suite à des achats réalisés dans des supermarchés lors de sorties culturelles ou encore en pharmacie, les tickets deviennent des témoins de moments de vie, des traces tangibles de nos habitudes de consommation. Henri va au-delà du simple récit des achats factuels, il nous entraîne dans une introspection sur ce que ces achats révèlent de nos existences. Progressivement, les récits nous conduisent vers une réflexion plus globale sur l’amour, l’amitié et les moments d’isolement, transformant ainsi l’achat matérialisé par le ticket de caisse, en un souvenir chargé d’émotions et de significations multiples.
Inspirée par l’esthétique camp[1], Marguerite Rouan entremêle dans cette exposition ses propres photographies avec des images puisées dans la culture populaire. Après avoir quitté l’appartement qu’elle partageait avec Henri, elle débute cette série à partir d’un poème qu’elle lui dédie. Ce logement est devenu le symbole d’une intimité partagée par le trio, où chaque objet, chaque pièce raconte une part de leur histoire commune. Son travail évoque de vrais et faux souvenirs, entre les aspirations et les fantasmes que l’on peut projeter sur une relation. Chaque image est soigneusement sélectionnée, méticuleusement maquillée, puis protégée par un vernis, dans l’espoir de figer et de rendre intact ces souvenirs. Marguerite pose un regard tendre et teinté d’humour sur les relations et la manière dont elles nous façonnent.
Sacha Collin Rivière convoque une esthétique liée au BTP qui engage étonnement force et fragilité. À travers la présence de ces trois étais sablés, il recrée de nouvelles fondations à KOMMET. Ces piliers permettent au groupe de traverser les défis et les changements, soulignant ainsi l’importance de chaque membre pour la stabilité et l’équilibre de leur lien, tout comme un étai est indispensable à la construction d’une maison. Parmi ces trois objets, deux sont identiques, évoquant la dynamique souvent complexe d’une amitié impliquant plusieurs personnes. Dans cet équilibre instable entre la rigueur de l’objet et la fragilité du sable, se profile une métaphore de la relation humaine. Tout comme le sable qui glisse entre les doigts, les souvenirs et les liens peuvent être fuyants, soumis aux aléas du temps et de la vie.
En exprimant tout l’amour qu’iels se portent mutuellement, le trio aborde de manière intime et sensible les défis liés à leur relation à distance. Iels explorent différentes façons de préserver la trace et le souvenir des moments qui marquent une amitié, offrant ainsi une réflexion touchante sur la construction des liens qui nous unissent mais aussi sur ce qu’il peut en rester au fil du temps.
Émilie d’Ornano
En partenariat avec l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Lyon et le CAP • Centre d’art de Saint-Fons
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Biographies
Né en 1997 à Toulouse, Sacha Collin Rivière vit et travaille à Paris. Il est diplômé de l’École nationale supérieure des beaux-arts de Lyon en 2022. Son travail est notamment présenté au centre d’art la Halle de Pont-en-Royans ou encore publié dans la revue anglaise Odious Rot. Il est actuellement résident de l’atelier ChezKit à Pantin.
Né en 1998, Henri Grandgarçon vit et travaille à Bruxelles. Il est diplômé de l’École nationale supérieure des beaux-arts de Lyon en 2022 et poursuit actuellement la formation « Textes et Création Littéraire » à la Cambre (Bruxelles) dans le cadre de l’écriture de son premier ouvrage personnel. En 2020, il expose à Mimesis (Villeurbanne) et participe à une résidence à Moly-Sabata (Sablons) la même année. En 2023, il bénéficie d’une résidence aux Ateliers Médicis dans le cadre du programme « Création en cours ». En 2022, il co-fonde avec David Pons la revue de poésie Tendre, puis en 2023, il lance le projet musical Rose Garçon avec le producteur Nuage Rose.
Née en 1996 aux Lilas, Marguerite Rouan vit et travaille à Lyon. Elle est diplômée de l’École nationale supérieure des beaux-arts de Lyon en 2022. Son travail a notamment été présenté à la galerie Héloïse (Paris), à. la galerie Domus (Lyon) et effectue en 2023 une résidence à l’Espace Artaud (Lyon). Elle est actuellement résidente aux ateliers du CAP • centre d’art de Saint-Fons.
[1] L’esthétique camp est un mouvement artistique né dans les milieux underground et queer des années 1960, caractérisé par une appréciation délibérée du kitsch, de l’ironie et de l’extravagance Ce terme a été popularisé par l’essayiste américaine Susan Sontag en 1964 avec son ouvrage intitulé Notes on Camp.